Notes de Récolte 2017

Notes de récolte 2017:  de James
Une fois n’est pas coutume, la saison a démarré avec un nouvel hiver sec et chaud (du moins au début). Des températures douces en avril ont permis aux vignes de démarrer rapidement, à un rythme soutenu. Cette floraison a été fortement minée par un gel généralisé à la fin du mois (deux fois à Unang, à une semaine d’intervalle) où les températures ont chuté jusqu’à -5 ° C. Cela a touché toutes les grandes régions viticoles de France ; et dans le Rhône, le Ventoux a été le plus affecté, confirmant son rang d’appellation la plus fraîche du sud de la Vallée. (La région a également été frappée par la grêle en mai mais pas Unang.)

Notre stratégie de tailler tardivement les blancs (particulièrement gélifs) dans la vallée, à la mi-avril, les a sauvés des pires ravages. Mais pour la première fois depuis notre arrivée, nos rouges ont été frappés, devant la cave et derrière le château – défaisant ainsi une partie du travail effectué ces deux dernières années pour l’installation du plantier. Cette vision de feuilles et jeunes pousses brûlées m’ont fait déprimer chaque jour du mois de mai lorsque je me rendais à la cave.
Par chance, ces parcelles étaient suffisamment vigoureuses pour rebondir. Et même s’il ne portait que peu de fruits, le deuxième bourgeon nous donnera au moins quelque chose à tailler cet hiver.
Il faut aussi noter que notre plantation de Grenache, Mourvèdre et Cinsault, est rentrée en production cette année, certaines parties n’ayant pas été touchées par le gel. Le travail des trois dernières années (et les deux années précédentes de préparation du sol) a abouti à quelque chose de tangible.

Le manque de pluie pendant la période de croissance fut synonyme de faible pression cryptogamique (mildiou en particulier) et par conséquent, de moins de traitements requis. Un nouveau tracteur, avec climatisation et système de filtres à air, nous a (enfin) amenés au 21ème siècle. Autre investissement notable : l’agrandissement de nos clôtures électriques qui entourent maintenant tous les 15 hectares de vignes – ce qui représente beaucoup de fils. Cette ‘bague d’acier’ a gardé la plupart, mais pas toutes, les bêtes à distance, une bête affamée et assoiffée de 150kg + peut ravager la plupart des clôtures temporaires si elle le souhaite. Nous ne pouvons que continuer à améliorer nos installations l’an prochain, en se demandant combien auraient consommé les sangliers si les clôtures n’avaient pas été levées.

Avec une pluviométrie pitoyable tout au long de l’été (6mm en juillet et 2mm en août, laissant paraitre les maigres précipitations de 2016 conséquentes), les vignes mendiaient toute forme d’humidité alors que nous nous préparions à la récolte. Ce manque de pluie engendra des débuts de vendanges d’une précocité incroyable sur les secteurs de Nîmes et du Languedoc, où la récolte de Muscat a débuté le 24 juillet et de nombreuses vendanges terminées avant la fin du mois d’août. Dans le Rhône, les choses sérieuses balbutièrent à la fin du mois d’août, mais ne commencèrent vraiment que dans les premiers jours de septembre. Unang, de par son altitude, est souvent retardataire… Néanmoins, les vendanges ont débuté le 11 septembre, alors que nous sommes davantage coutumiers du 20. Nous avons terminé le 9 octobre.

Temps sec, gel, mais aussi coulure sur les Grenache et rendements légers sur la Syrah : autant de paramètres qui expliquent que cette année nous avons battu tous nos records en terme de faibles rendements. Notre Roussanne a peiné à nous donner 8 hl/ha ; dans la même lignée, la Syrah n’est parvenue qu’à 50% des volumes habituels ; seul le Grenache a fait mieux… là où il n’avait pas givré. « La sécheresse : nouvelle normalité», un sujet qui alimenta nombreuses conversations, de même que l’augmentation des investissements concernant les systèmes d’irrigation dans la région pour compenser. Unang reste 100% «sec d’élevage».

Du fait d’une année 2016 déjà très sèche (-25% de volume par rapport à 2015), nos stocks de vins semblent particulièrement chétifs et le caveau, notablement vide. En ce qui concerne 2017, nous avoisinons les -40% de volume par rapport à 2015, malgré une augmentation de la surface récoltée avec l’entrée en production du plantier… Sinistres statistiques !

Alors que nous traversons les derniers grammes de sucre, les vins présentent déjà un fruité intense et un degré d’alcool légèrement supérieur aux millésimes précédents équilibrés par notre acidité de marque. De faibles rendements et une grande concentration des baies nous a fait craindre la su-extraction pendant les vinifications. Cette année, les cuves ont donc été travaillées avec encore plus de légèreté et délicatesse. La vague de froid de fin avril a retardé la croissance, même sur les vignes qui n’ont pas été touchées par le gel, et les conditions chaudes et sèches qui ont suivi furent responsables d’un léger retard des maturités biologiques, difficile à atteindre pour les plantes (et les grappes) alors que les niveaux de sucre furent atteints tôt. Il était vital de ne pas se précipiter pour récolter et d’attendre que la maturité rattrape les sucres – sans laisser les grappes sur-concentrer au cours du somptueux temps d’octobre.

Toutefois, nous comptons généralement sur Octobre et Novembre pour apporter des précipitations décentes, ils sont souvent les mois les plus humides de l’année. Or, le mois d’octobre s’est avéré entièrement sec et nous espérons donc que novembre tienne ses promesses, amorçant un hiver pluvieux et ainsi remplir les nappes phréatiques.

En dehors des vignes, 2017 a vu Dominique «prendre sa retraite». Beaucoup d’entre vous l’auront vue au caveau et sur les marchés au cours des 14 dernières années, mais Dominique a également travaillé au vignoble. Elle nous manquera beaucoup, elle a joué un rôle majeur dans la résurrection d’Unang. C’est avec joie que nous l’avons vue revenir pour les vendanges et elle sera amenée, à nouveau, à nous prêter main forte pour certaines autres tâches viticoles… D’où les guillemets !

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